SOEY, NOM
VINGT
avatar au choix

des mots sur nos maux

le personnage
tu parles de toi comme d'une erreur de la nature.
tes parents ne te désiraient pas (ils étaient trop pauvres pour ça),
t'ont donné un prénom qui n'existe pas.
pauvre fille de père illettré qui a écrit "soey" plutôt que "zoey" sur les papiers qu'il a signés, gravant à jamais la marge de ton existence dans une réalité bien difficile à supporter.
t'as passé ton enfance sur le trottoir en bas de l'immeuble décrépi, humide, laid à en gerber,
à jouer avec ces jolies billes de couleur que tu avais volées dans la cour de récré.
et puis, sur le trottoir, tu y es restée.
tu y es restée pour te battre, pour taguer, pour boire, fumer, baiser, découvrir le monde à ta manière, sans parents pour te l'expliquer.
le trottoir, tu l'as quitté quand swan t'en a délivré. ton (votre) appartement est un peu plus grand,
tu reprends du poids (toi qu'on appelait la brindille, qu'on ne voyait pas), souris, même, parfois.
même si tu étouffes et tu meurs, au moins, maintenant, tu y mets du coeur.

le scénario
toi qui pensais que swan t'accueillait chez lui par pur désir de t'aider, tu as vite déchanté. il cherche à chasser ses démons, les erreurs de son passé.
comme si s'occuper de toi pouvait ramener sa soeur décédée.
t'as le même âge qu'elle qu'il dit,
t'as les mêmes yeux qu'elle, qu'il dit,
tu poses tout le temps des questions, comme elle, qu'il dit.
t'as fini par accepter de n'être que le reflet de celle qu'il cherche à retrouver, en attendant d'avoir mieux, en attendant qu'il ouvre les yeux. swan, objet de désir, de colère, de larmes et d'éclats de rire, qui t'entraîne aux limites de sa folie, de ses délires, qui t'infantilise autant qu'il t'aide à grandir.
c'est (peut-être) ton âme soeur, tu le sais, et c'est pour cette raison que tu attends sagement le moment où il ne te verra plus comme celle qu'il a perdu mais telle que tu es, espérant qu'il pose sur toi ce regard que personne ne t'a jamais donné.
celui qui te fera dire, ça y est, je ne suis plus seulement une erreur, je peux enfin exister.

précisions: