BEN, CLAZZI
☼ 15 ☹

Mother, You had Me I never had you
I wanted you but you didn't want me
So I got to tell you
Goodbye, Goodbye

notre mère, qui est partie
que mon cri soit amplifié
que tu me reviennes
que ma volonté soit faite ici et à l’autre bout du monde
donne moi aujourd’hui de te revoir un jour
et je pardonnerai
comme on pardonne aussi
aux enfants effrayés
et ne me soumet pas à la dévastation
mais délivre moi de mon mal
car c’est à toi qu’appartiennent
la joie
la douceur
et la rage
pour me rassurer
pour me border
pour m’embrasser
pour m’aimer

reviens maman.


ben, papa te cherche partout.
il en dort plus.
ben, pierrot se couche ((trop)) tard.
elle t'attend.
ben, qu'est-ce que tu fais de tes journées ?
qu'est-ce que tu fais de tes nuits ?

petit fantôme tu erres à la nuit sans lune. et dans le ciel, les étoiles dessinent le sourire de maman. et tu te dis que peut-être... tu espères, qu'elle les regarde aussi et qu'au firmament, elle voit le tien de sourire, celui qui crie reviens. les volutes blanches de ta cigarette ((que tu devrais même pas fumer, t'as quinze ans)) s'évaporent dans la lumière terne des réverbères et toi tu continues d'user tes chaussures sur les routes. abandonné, comme les maisons alentours mais contrairement à elles, tu n'as pas cette fête clandestine qui se joue à l'intérieur. au bout de la route, l'église. tu t'y faufiles comme un voleur, de petits pas que de toute façon personne n'entendra. l'autre jour tu t'es dit que peut-être si tu croyais en dieu, il existerait. et alors peut-être qu'il entendrait tes plaintes qui résonnent comme des prières. celles que tu dis tout bas, quand tu rentres ((trop)) tard le soir, quand pierrot dort enfin, quand papa a capitulé dans le canapé, la tête vaguement penchée sur l'accoudoir. celles que tu hurles parfois, à la rivière. parce que t'as entendu dire qu'elle pouvait guérir tous les maux. pas tous, visiblement.

ben, la route c'est pas fait pour les gamins. les mamans ne poussent pas sur le bord des chemins et arrête de regarder passer les bagnoles.  
ben, rentre à la maison. regarde le ton papa, il a les mains qui tremblent. regarde les ces bras tendus vers lesquels tu ne vas plus. rentre à la maison ben. ben, fais pas comme maman. ça le tuerait tu sais, ton papa. de plus te voir, encore moins que maintenant.

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