ARSENE, LOISEAU
dix-neuf hématomes.

La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu'il n'existe pas.

arsène, il a la tête dans les étoiles. il a le coeur qui fait boum, boum quand il croise une jolie fille. parce qu'il est pas habitué. lui, il a plus l'habitude des filles du trottoir, qui minaudent et montrent ce qu'elles ont à offrir d'un "tu viens arènse chéri ?". alors des fois, il craque. parce qu'arsène, c'est pas quelqu'un de bien. arsène, il vient de la rue qu s'écroule sous la pluie. "je me suis fait tout seul" qu'il dit.
pas de papa. encore moins de maman. orphelin, qu'ils ont chuchoté comme un secret. on va le mettre en foyer.
oui mais.
en foyer, ils veulent pas de lui non plus. personne pour l'adopter.
trop turbulent, pas assez charmant. une gueule d'ange qui cache un véritable démon, petit garçon qui change.
l'habit ne fait pas le moine.
mais arsène, c'en est pas un. de moine. arsène, il aime les jolies filles, alors être moine, c'est pas pour lui.
il passe ses journées à rêver, à écouter le monde bouger.
il est louche arsène, on sait pas trop ce qu'il fait, derrière ses prunelles voilées. son esprit est parti vers de plus belles contrées.
des fois, il vend son corps. d'autres fois, on le voit dans des ruelles dégueulasses et malfamées, à refiler des armes dangereuses.
arsène, il désosse des voitures. il revend du cuivre trouvé ça et là. il enfonce ses poings dans les mâchoires serrées des connards qui veulent toucher à ses protégées. parce qu'arsène, il s'improvise proxénète aussi... il aime trop les jolies filles aux courbes de guitare.
il aime trop.
il aime pas assez.
il aime rien à part ses rêveries imagées.
il aime aussi et surtout tout défoncer. tout détruire.
parce qu'il n'y a que dans la destruction qu'on se rend compte de la beauté d'antan. qu'on se rend compte de ce qu'on a perdu.
il aime trop cracher sur tout ce qu'il connaît.
arsène, c'est pas un saint. mais personne sait ce qu'il est.

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