OSCAR CLAZZI
TRENTE-8

loving you is suicide

salut fleurs,

tu m'as demandé de t'écrire une lettre sur comment je t'aimais, parce que tu m'as souvent dit que toi, tu aimais les lettres. tu passais ton temps à me dire que si un jour, je te perdais, je devais t'écrire une lettre pour te ravoir. tu le sais fleurs, tu le sais toi à quel point je suis nul avec les mots, que je ne t'aime pas avec les mots, mais avec les yeux. je vais essayer de t'ouvrir mon coeur, de t'ouvrir ma boîte à sentiments, pour toi, pour moi et pour les enfants. pierrot passe son temps à pleurer dans sa chambre, elle croit que je l'entends pas, elle croit que je vois rien quand elle sort de sous la douche, mais fleurs, ma chérie, tu peux pas savoir à quel point j'ai le coeur aussi déchiré qu'elle, que le seul truc à quoi je rêve tous les jours, c'est de la prendre dans mes bras, de la garder dans un bonheur constant, de la protéger des connards de ce monde. tu le sais toi fleurs, à quel point je l'aime pierrot, que si elle disparaîtrait demain, si elle mourait, tu me perdrais avec elle. je crois que parfois, elle peut pas voir à quel point je l'aime, elle peut pas voir tout ce que je fais pour elle, de me lever tous les matins, de lui préparer le petit déjeuner, de lui raconter des blagues, même si elles sont pas très drôles, juste pour la voir sourire. de la regarder partir par la fenêtre et d'avoir le coeur qui explose, parce que je sais qu'elle va revenir triste de quelque chose. j'aimais la voir quand elle était petite, me regarder comme si j'étais son héros, comme si j'avais des pouvoirs, comme si ... je pouvais lui mettre de la beauté dans le regard. fleurs ... je voulais pas qu'elle voit le mal dans le monde, je voulais qu'elle reste ma belle petite fille, ma belle pierrot.

fleurs, je sais que t'as pas vu ben depuis des jours, même des mois, je sais que tu dois te dire qu'il est heureux, que son père est là et pierrot, mais tu sais pas fleurs, tu sais pas à quel point sa mère lui manque. je peux pas te remplacer fleurs, je suis pas toi, j'ai pas ta tendresse, j'ai pas la rage de vivre comme toi tu l'as. ben peut pas vivre sans cette rage, je le vois trébucher, tomber et rester sur le sol. j'ai beau lui tendre la main, j'ai beau lui chuchoter des trucs à l'oreille, j'ai beau vouloir soulever le sol pour le remettre debout. c'est pas moi, j'ai pas ce pouvoir fleurs, il y a juste toi qui peut le faire. mais t'es pas là. t'es ailleurs à sauver le monde, alors que la personne qui mérite le plus d'être sauvée, c'est ton petit gars. j'ai l'impression de le voir partir et d'être plus capable de le ramener à la rive, de le voir se noyer et que je suis incapable de le sauver, parce que moi, j'ai les mains liés. je l'aime tellement, je l'aime d'un amour infini ben, je veux pas le voir mourir, je veux pas le voir disparaître, alors s'il te plait, reviens à la maison, le prendre dans tes bras et de juste lui dire que c'est la plus belle étoile, des belles choses comme toi tu le sais dire.

et fleurs, je termine en te demandant de te rappeler ce matin, dans ton lit, une faible lumière traversait le rideau, je flattais ton visage du bout des doigts, je t'avais chuchoté à l'oreille de ne jamais m'oublier. tu m'avais embrassé, tu m'avais promis.

fleurs, tu m'oublies.
tu nous oublies.
tu les oublies.


je t'aime,
oscar.

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