NANA, SALMON
19 tours

Juliet
When we made love you used to cry
You said I love you like the stars above
I'll love you till I die
There's a place for us
You know the movie song
When you gonna realize
It was just that the time was wrong
Juliet ?

Dire Straits

(inspiration)
1 tour.
Un tour de platine, le diamant qui grince, trouble-mort.
Le grésillement familier du disque noir qui tourne, tourne, tourne encore.

2 tours.
Deux tours de platine et sa langue claque derrière ses dents,
elle connait pas les mots, juste du son sans paroles, juste du vent.
Alors ça donne na na na na na.
Nana.

10 tours plus tard,
ya un couillon qui chante en calque sur le disque noir qui continu de tourner,
c'est affreux, ça dénature le grésillement, ça donne des envies de meurtre, des envies de gerber.

Nana elle déteste le superficiel, la couche de vernis, la couche de crasse,
qui recouvre les gens comme si c'était une carapace.
Donne lui du sec, du râpé, du métallique, du brut, rongé, rogné, défait, rayé.
Elle aime les tordus, quand ils sont beaux d'être scarifiés, camés, paumés,
beaux d'être innocents, intelligents, sages.
Des gens qui rayonnent d'échecs. Qu'éclatent derrière le maquillage.

20 tours bientôt,
ça tourne de plus en plus vite, ça hurle de plus en plus tôt.

Elle commence à apprendre Nana, à comprendre,
les hurlements des fantômes, le vent dans les cendres.
Le son, celui dont on ne fait rien.
Sur ses genoux le claquement de ses mains,
le bruit du voisin qui baise encore de l'autre côté de la salle de bain.
Elle vendrait son âme pour un vinyle, pour un mot joli,
Nana elle tuerait pour poser ses doigts sur une Stratocaster,
pour qu'on la laisse écouter le sdf de la rue d'en face frotter ses cordes usées, rien qu'une petite heure.

ça tourne, ça tourne et puis ça s'arrête.
Elle a arrêté de compter les tours Nana.
Elle a laissé le vinyle tourner dans sa tête.
Détroit.
Détroit, le 33ème tour.
Et puis le Silence.
(expiration)

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