MAX, BANKS
vingt-deux.

Mais il suffit d'une petite fumette et toute cette irritation, cet énervement et cette saleté de manque de confiance en moi s'évanouissent aussitôt. On dit que la marijuana rend paranoïaque, mais chez moi c'est l'inverse.

"C'EST BANKS QUI RÈGNE, FAUT PAS L'OUBLI-IER!" palam palam crie mon poing dans ta gueule. De l'argent, il me doit, pas mal d'ailleurs. OUBLI-IER j'entends les violons qui déchirent et le dj qui explose. Les poings, les mains, on s'pousse, sang qui crache, ça chlingue. Verre de binche, on s'arrose. Rasta buddha ça doit prier chez moi. J'prie peut-être aussi un peu. M'man a dit tout à l'heure, je cite (dans ma tête), "j'vais me tuer". Pieds qui s'écrasent, gravité, sueur. Ah putain j'suis bien. Le ciel s'approche. Pupilles, rideau, ça s'ouvre ça s'ferme. Tout va, tout va tout va, la vie ça va.
Et alors ça part tout seul. Coude dans les côtes, je frappe trop fort. Eclair dans la gueule, je ris quand les basses stoppent mon coeur. Au fond d'moi ça s'arrête. Sur ma tête, ça s'arrête. Pfa le sol et les rires et putain j'suis fait, j'ai pas mal. La folie m'attrape, mais ils veulent éteindre la folie. "Pourquoi t'as pété un plomb man" On n'arrête plus, Banks. Le man qui est cool en soirée, jusqu'à ne plus être si cool. J'rigole. Comprends pas trop, un peu, pas trop. Frénésie du rire dans le coeur.
J'croyais avoir crié, peut-être pas en fait.

DEHORS -
"M'man m'a filé un de ces trucs man" - tout est toujours de sa faute à elle. La religion, buddha, l'électro. Le soir avec m'man, on s'fait des batailles. Des batailles de son. L'espace se rompt et le temps s'en va. Demain c'était hier. Aujourd'hui arrive. M'man c'est ma mère à moi, sa soeur à lui, sa fille à elle. C'est quelqu'un d'plus fort que nous. M'man, si j'voulais, j'la tuerais d'un coup d'pied. Mais elle m'explose l'esprit en une seconde. "T'es vraiment le pire casse-couille" Je me justifie pas, j'étais fait. L'exubérance de la violence. Ici on s'ennuie, alors le soir je me bat. "T'en veux?" j'attends pas de snifer. La descente c'est jamais. Au lever du soleil, parfois. Mais faut dire qu'à Detroit le soleil se réveille plus trop. Poing meurtri je crache par terre, inspire fort, casse une vitre. "ON DÉCONNE PLUS LÀ!!" cette fois la voix est là. Papapapapa yeux rouges, coeur mitraillette. Fille qui passe, son au loin. Le murmure des violons s'enfuit quand je la vois. Est-ce que m'man s'est vraiment tuée ? "Max ?"

"Eh Max ?" Os brisés. Longs cheveux, mec en trop. C'est c'que j'pense en les voyant "Eh connard" Je lutte quand on m'arrache. Soupir coupé un 'ta gueule' retentit. Potes solidaires qui m'enlèvent aux ennuis. Cette fois Romie s'en va sans que j'puisse crier. M'man sera fière de moi. Avec ses prières, son fauteuil et sa came. Elle m'dira bien "bah Max, faut pas être fataliste".
Ouais, elle m'dira bien ça.  

La nuit s'en va et elle aussi. Salope, j'm'en grille une avant de rentrer dormir.

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