CAMILLE TOUSIGNANT
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Puis j'ai fait une chute, une crisse de chute en parachute

(entrevue.)
- My name? It's Camille Tousignant. Non, no... Not Camilla, CamillE, with an E. How to spell Tousignant? T-O-U-S-I-G-N-A-N-T. Oh non, not a J, a G, sorry, I always forget. I'm French. ... No, not from France. I'm Canadian... hum no, I'm Québécoise. Non, not from Montréal. ... What I am doing here?  I'm... I don't know how to say it... hum... I want to changé d'air. You understand? Non. hmm... I want to change air? Sorry, I'm bad in english. As I said, I'm not from Montréal, so I was surrounded by french people all my life. What I'm doing here? I have already answered... If I'm running away from something? Pas pantoute, euh, not at all. I just want to travel. To see the world. No, I don't have a car. I get here by... hum.... faire le pouce? Yes, hitchhiking! and I arrived here with no money left, so I have to work. and I saw your écriteau at the front and I think I'm the right person for you. No, the language won't be a barrier. I'm going to get better. Just speaking with you helped me a lot. ... You don't want to take the chance? What chance? I can work even if I speak french. I don't have anything to say anyway. Just "hello goodbye", like the Beatles song haha ... Are you serious? That doesn't make any sense! ... What's your asti d'problème? … Va chier. What?! Sort l'asti d'balais dans ton cul pis ouvre les yeux sacrement. Nobody wants to work here. I’m the only person that is interested by your job. Your place have no clients. Everything you sell here is crap and... You want me to leave? No I’m not leaving! This city is pure crap.  It’s d'la tabarnak de marde. And you… you’re like this city. You look like shit, you smell like shit. Just... just go fuck yourself. I hope this place burn like the rest of this city.

(un matin ordinaire.)
L'alarme du réveil perce le tympan de mon oreille droite, traverse ma tête et perce le tympan de mon oreille gauche. J’passe une main dans ma crinière jaune limonade. Me gratte le bout du nez. Renifle un peu. J'me lève. J’enfile un vieux t-shirt de band devenu gris avec le temps. J’me gratte les fesses. J’ouvre les rideaux. J’ai de la difficulté à m’habituer à cette vue. Tout est morne. Gris. Plate. Y’a des craques dans l’asphalte. Si on regarde dedans, on peut voir le noyau de la terre. Puis, si on r’garde encore plus profondément, on peut voir des Chinois. C’pas mal le seul truc intéressant ici.
Sinon y’a rien.
Y’a des bâtiments en ruine. Y'a des lampadaires allumés même le jour. Y’a des poubelles débordant de trucs bizarres et de trucs qu’on ne devrait pas voir dans une poubelle. Y’a des chats écrasés se faisant bouffer par d’autres chats tripattes parce que la quatrième a été perdue dans un combat violent entre les chats de l’autre quartier. Y’a des madames qui se promènent à deux heures de l’après-midi en robe de chambre hello kitty et tiennent en laisse leurs caniches roses rasés comme de la marde.  Puis, y’a de la tristesse. Beaucoup de tristesse. Des gens qui perdent leur famille. Des gens qui se gèlent la gueule pour oublier leurs problèmes. Des gens qui se battent comme deux coqs dans un aréna.
Pis à travers tout ça, bah, y’a moi.
Moi, mon humble moi.
Qui sait pas trop ce qu’elle fait icitte.

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