BÉNÉDICTE "baby" AMOR
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my heart hurts

parfois, baby ressemble à une ballerine sur la scène,
mais ça ne dure qu'un temps (super court, le genre claquement de doigts et c'est terminé). c'est que, quand elle lève la main bien haut dans les airs pour entourer le poteau transperçant le plafond et la scène, on y voit d'la grâce et c'est beau c'est beau c'est beau. quand elle enlève son haut, quand elle enlève son bas, y'a une pluie de billets verts qui terminent à ses pieds hauts perchés sur des échasses. baby, c'est un peu une acrobate. à sa façon. elle fait la gymnastique des sentiments quand un gros camionneur demande à tripoter la beauté pendant quelques minutes, le temps d'une lap-dance où elle peut l'sentir durcir sous elle (et qu'elle a envie de vomir, de partir, de s'envoler bien loin).
souvent, elle ferme les yeux très fort et elle essaie de penser à de jolies choses. elle s'dit que les mains qui la touchent, ce sont des plumes de paon, colorées et douces, et ça la calme. elle s'dit que les yeux braqués sur elle à tous les soirs, ce sont des perles d'huitres qui brillent sous les lumières colorées du club.
parfois, quand les hommes ne se sentent pas assez généreux au spectacle qu'elle leur offre, elle finit par se trouver quelques clients. quelques petites vites ici et là. elle pleure, après. elle s'dit qu'elle recommencera jamais.
elle finit toujours par recommencer.
baby, bébé, bébé...
les cheveux en bataille et la clope au bec.
le regard félin et les mains douceur.
l'étoile filante qu'on a décroché du ciel.
baby, bébé, bébé...
le sourire en coin et les décolletés plongeants.
les talons qui claquent sur le bitume.
princesse de la night life.
princesse des billets verts.

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