ELIOTT ATKINS
20deux

mon corps est une toile

Dieu est venu me border hier soir.
J'ai senti sa main froide sur mon front.
J'ai senti sa bouche mielleuse sur mon cou.
J'ai senti ses lèvres aigres sur mes seins.
J'ai senti ses mains chaudes sur mes cuisses.
Dieu est entré en moi hier soir.
sauf si c'était un rêve.

(soupir.)

Les rêves.
C'est une si belle chose. Rêvé. Rêvé de tout. Rêvé de rien. Rêvé. Les rêves, c'est un peu comme des étoiles filantes, tu les prends quand ils passent. Tu les attrapes. Tu les captures entre tes doigts, bien logés au creux de ta main. Tu peux les sentir gigoter un peu. Ils essaient de partir. Passer entre tes phalanges. Repartir dans le ciel étoilé et s'envoler dans l'oubli. C'est pourquoi tu dois les capturer. Sinon, tu ne te souviens plus. Tu les laisses moisir dans le néant. Tu moisis avec eux. Ta peau ride. Tes dents jaunissent. Tes cheveux tombent. Tu veux dormir dans l'espoir de les retrouver, mais t'as peur. T'as peur de devenir un tas de poussières. T'as peur de ne plus jamais ouvrir les paupières. T'as peur de ce qu'il y a après. T'as peur qu'il n'y aille rien. T'as peur qu'il y aille quelque chose. T'as peur de Dieu. T'as peur de Satan. T'as peur de tout. De tout et de rien. Et tu te dis que si tu n'avais pas laissé moisir ton rêve, peut-être que tu serais mieux. Peut-être que tu sourirais. Peut-être que tu aurais tous tes cheveux. Peut-être, peut-être.

(soupir.)

Nue. Couchée sur l'autel. Les yeux fermés. La lumière des vitraux colorés dessinant des formes géométriques sur mon corps. Je m'offre à Lui. Je m'offre à Eux. Je m'offre à Moi.

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