Resa WilsonMESSAGES : 15 Âge : 32
| Sujet: Dans la beauté froide de la nuit. Mer 13 Mai - 22:02 | |
| Resa Wilson23 ans
T'étais censée avoir une vie parfaite, t'es née sous une bonne étoile, t'as grandis comme n'importe quelle enfant rêve de grandir. T'avais deux parents aimants, qui s'aimaient, qui se disputaient jamais. T'avais des poupées et avec tes copines, vous vous racontiez des histoires effrayantes sur les différentes rues de Détroit, sur l'église abandonnée que vous disiez hantée. Vous faisiez des paris stupides, comme entrer dans cette vieille maison délabrée le soir d'Halloween alors qu'il se racontait qu'un meurtre y avait été commis. Vous en ressortiez terrifiées, tremblantes, mais remplies d'adrénaline, prête à effondrer le monde entier comme si vous étiez des super héros. Et puis un jour tout s'écroule. Maman s'en va. Toi, t'es là, en haut des escaliers et du haut de tes quatorze printemps, tu comprends pas vraiment. Papa crie, Maman aussi et toi, t'as peur. Est-ce-que c'est de ta faute ? Est-ce-que c'est parce que t'as fais le mur deux jours avant pour retrouver Jules, ton béguin de l'époque ? Et puis tu comprends que non, t'entends des mots bizarres comme "amant", "tromperie" et même "divorce". Oh, tu les connais ces mots, quasi toutes tes copines en parlent. Mais les entendre chez toi, sortir de la bouche de tes parents, ça fait bizarre. Ils ressemblent un peu à "mononucléose" soudainement. Cette maladie tu la connais, ta meilleure amie l'a chopée à force d'embrasser n'importe qui. Mais là, tu comprends, difficilement mais tu comprends. Tu comprends que ta maman, celle qui te faisait des bisous magiques à chaque fois que tu te faisais un petit bobo quand t'étais petite, veut recommencer une nouvelle vie, avec un nouvel homme, dans une nouvelle ville. Une plus grande, plus belle, moins en ruine, moins abandonnée, moins pauvre, moins dangereuse. T'as quatorze ans, tu joues à la grande mais tout d'un coup, tu te sens comme une enfant de sept ans qui vient de découvrir que le Père Noël n'existe pas.
Une semaine plus tard, ça y est, c'est fini. Tu vois Maman partir dans une voiture noire, magnifique, classe, toutes ses affaires enfermées dans des grosses valises qu'elle a rangé dans le coffre. Tu vois ton père sui fait le fort, et tu sais que c'est pour toi. Mais la nuit, les murs sont trop fins pour que tu ne puisses pas entendre ses sanglots. Alors tu te fais des promesses, tu te promets de réussir à l'école, de décrocher une bourse pour pouvoir aller à l'université. Tu te promets de devenir médecin, journaliste ou même avocate. Tu te promets de gagner assez d'argent pour partir de Détroit et emmener ton père avec toi. Ton père qui, après le divorce, a tout sacrifié pour que tu sois heureuse. Il s'est tué à la tâche au travail afin de ramener assez d'argent à la maison pour que tu ne manques de rien et tu te fais la promesse de lui rendre la pareil un jour. Bientôt.
Alors soudainement, les sorties entre copines, les soirées délurées, tu oublies tout. Tu t'enfermes dans ton travail scolaire, tu bosses d'arrache pied, tu obtiens des notes excellentes dans quasiment toutes les matières. Ton diplôme tu l'obtiens haut la main, ta bourse aussi. T'es prise dans des universités excellente mais toi, tu choisis la plus proche de Détroit, celle qui te permets de rester près de ton père. Finalement, t'as choisi des études de journalisme, ça te plaît, tu aimes ça et tu rêves de devenir une journaliste réputée, réclamée par tous les journaux. Tu as enfouis le souvenir de ta mère bien loin ainsi que la douleur de sa perte. Ta vie semble avoir retrouver un minimum de stabilité, même si ta vie sociale n'est pas au mieux de sa forme.
Et puis un jour, tout dégringole à nouveau. Tu vois le ciel te tomber sur la tête, tu sens le sol s'ouvrir sous tes pieds et tu t'effondres. Ton père, ton papa adoré, il a eu un accident. Il est à l'hôpital, il est dans le coma, les médecins ne sont pas sûrs qu'il se réveille un jour. Ils disent qu'il y a peu de chances, que son état est trop grave mais peut-être qu'un miracle est possible. Tu veux des réponses alors tu cherches. Tu demandes à la police, tu demandes à tout ceux qui pourraient savoir mais au final, personne ne sait. La seule chose que tu obtiens c'est : "C'est Detroit, ici, Resa". Comme si c'était une évidence, une putain d'évidence que tu refuses d'accepter. Tu la rejettes de toutes tes forces. Qu'est ce que ça fait que ça soit Detroit ou non, hein ? Quelqu'un a amené ton père au bord de la mort et tu réclames un coupable, un visage à haïr, une personne à maudire, quelqu'un sur qui déverser ta haine, ta peine et ta colère.
Mais tu n'obtiens rien. Alors tu t'accroches à cette idée, celle qui te dit que ton père survivra envers et contre tout, qu'il se réveillera un beau matin avec son sourire de grand gamin et tu t'accroches à ce garçon aussi. Tu l'as vu traîner dans les couloirs vides et trop blancs de l'hôpital. Tu l'as vu passé très souvent devant la porte de la chambre de Papa, tu te dis que lui aussi, il doit vivre une épreuve aussi difficile que la tienne. Alors tu lui as dis bonjour, tu lui as souris et de fil en aiguille, il est devenu ton point de repère, le rocher dans la tempête. Mais toi, tu sais pas, t'es encore trop innocente, trop naïve, pour comprendre qui il est, et que ce qu'il veut, c'est pas te sauver mais se sauver lui.
T'as commencé à lâcher un peu tes cours, tu ne les suis plus vraiment. Tes camarades t'aident, te les envois par mail mais tu les lis sans les lire. Tu n'en as plus envie. Tu passes tes journées au chevet de ton père, tu lui parles, tu pries tous les Dieux que tu connais, même ceux de la mythologie grecque. Tu veux pas perdre espoir, parce que perdre espoir, ça serait le laisser partir, ça serait le laisser mourir et tu n'es pas prête. Tu n'es pas prête à te retrouver toute seule à Détroit, dans cette ville dévastée, ruinée. Tu n'es pas prête à vivre ta vie sans personne pour te soutenir, pour te pousser à réussir. Sans ton père, les promesses que tu t'étais faite n'ont plus aucune raison d'être. - +:
pseudo: 0hmyangels un petit mot?: J'ai hésité avant de m'inscrire ... 10 minutes puis j'ai finalement cédé à ce coup de coeur. - Code:
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Alicia Vikander / Resa Wilson
Dernière édition par Resa Wilson le Mer 13 Mai - 23:27, édité 1 fois |
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Moka MendozaMESSAGES : 148
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Resa WilsonMESSAGES : 15 Âge : 32
| Sujet: Re: Dans la beauté froide de la nuit. Mer 13 Mai - 23:51 | |
| Merci ! J'espère qu'on fera de jolies choses aussi, Moka. Merci Emma, et oui The Fray, ce groupe est juste génial. Et la chanson a été instinctive par rapport à Resa ! |
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Moka MendozaMESSAGES : 148
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Camille TousignantMESSAGES : 187
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Resa WilsonMESSAGES : 15 Âge : 32
| Sujet: Re: Dans la beauté froide de la nuit. Jeu 14 Mai - 9:28 | |
| Alicia fait totalement craquée oui Merci vous deux en tout cas |
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Johnny CarrMESSAGES : 413
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Resa WilsonMESSAGES : 15 Âge : 32
| Sujet: Re: Dans la beauté froide de la nuit. Jeu 14 Mai - 9:45 | |
| La citation vient de "Les Cartons", si tu connais pas, je t'invite à aller faire un tour sur leur twitter ou sur instagram, ils sont juste au top. En tout cas, merci pour tout ces compliments, ça me touche ! |
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Resa WilsonMESSAGES : 15 Âge : 32
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Resa WilsonMESSAGES : 15 Âge : 32
| Sujet: Re: Dans la beauté froide de la nuit. Jeu 14 Mai - 16:53 | |
| Merci beaucoup m'sieur |
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| Sujet: Re: Dans la beauté froide de la nuit. | |
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